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Bulletin no 72 - Mars 2023

Lors de la dernière assemblée générale, certains participants ont émis le risque qu’Attac se disperse dans toute sorte de missions l’éloignant de sa mission originale, celle qui lui a donné son nom : la taxe sur les transactions financières. Ce bulletin répond spécifiquement à cette demande.

Le billet de Claude Vaillancourt interroge le lien entre la taxation des transactions financières, les effets du réchauffement climatique sur les pays vulnérables et le lobbyisme. Si le lien n’est pas évident à première vue, l’auteur montre que le lien avec le lobbyisme est bien présent. Les lobbyistes sont partout. Ils sont particulièrement actifs dans les COP pour défendre avec acharnement les intérêts du capitalisme financier au détriment des demandes faites par les pays vulnérables pour que soient financées les mesures qui leur permettraient de lutter contre les changements climatiques.

L’article de Chantal Santerre nous ramène à la fin du siècle dernier, à James Tobin et au contexte économique qui lui a inspiré cette taxe destinée « à jeter un peu de sable dans les rouages trop bien huilés des mouvements de capitaux ». C’est de son inspiration qu’est né Attac. Vingt ans plus tard, même si cette taxe se révèle insuffisante, si elle a été contestée et jamais appliquée, elle se justifie toujours, et ses revenus permettraient de financer – entre autres –la lutte contre les changements climatiques.

Déjà en 2000, la première campagne menée par Attac-Québec portait sur la lutte aux paradis fiscaux. L’article d’Edgard Lopez-Asselin analyse la récente campagne d’Échec aux paradis fiscaux « Démasquer, Condamner, Encaisser » dont l’objectif est de ranimer l’ardeur citoyenne aveuglée par les mirages d’un débat technique. Cette lutte doit être recentrée pour en faire une lutte militante contre la tendance à en faire la prérogative d’une poignée de spécialistes.

Indéniablement, les États se dotent de nouvelles mesures en ce qui a trait à la lutte contre les paradis fiscaux. Pour Samuel Élie Lesage, si ces mesures semblent – et sont de plus en plus – complexes c’est parce qu’elles sont « techniques ». Si elles sont peu à la hauteur des aspirations collectives c’est parce qu’elles ne sont que des « ajustements » qui ne contestent pas le système, mais visent au mieux à le rendre « moins pire ». La lutte doit être politique parce que le problème est politique et y mettre fin signifie s’opposer au capitalisme mondialisé qu’ils ont rendu possible.

L’article de Wedad Antonius montre qu’une fiscalité équitable est la base de la justice sociale. Il rappelle que la fiscalité évolue dans le temps et que depuis quelques dizaines d’années la tendance est à une concurrence fiscale en faveur des riches et des multinationales avec pour corollaire un impôt de moins en moins progressif qui prive les États de milliards de dollars. Pourtant les mesures fiscales qui renverseraient cette tendance sont connues. Quand la volonté politique manque, seules les luttes citoyennes peuvent forcer les gouvernements à opérer un réel changement.


ATTAC-Québec