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La plate-forme

Plate-forme de l’association ATTAC-Québec

(Version adoptée au Congrès de fondation, 8 avril 2000)

Malgré un développement sans précédent des capacités de production de richesses, la libéralisation effrénée des marchés financiers mondiaux, de concert avec l’élargissement des échanges de biens et de services dont les termes ne peuvent que rarement être qualifiés d’équitables, aggrave, quand elle ne les provoque pas carrément, l’insécurité économique et les inégalités sociales. Elle contourne et rabaisse les choix des peuples, les institutions démocratiques et les États souverains en charge de l’intérêt général. Elle leur impose des logiques strictement spéculatives favorisant les seuls intérêts des entreprises transnationales et des marchés financiers. La liberté totale de circulation des capitaux, les paradis fiscaux et l’explosion du volume des transactions spéculatives acculent les États à une concurrence effrénée en vue d’attirer les gros investisseurs. Au nom du progrès économique et de la modernité, 1 800 milliards de dollars vont et viennent chaque jour sur les marchés des changes à la recherche d’un profit instantané, sans rapport avec l’état de la production et du commerce des biens et services.

Au nom d’une transformation du monde présentée comme naturelle et inévitable, sous prétexte de développement économique et de l’emploi, non seulement les citoyens et leurs représentants se voient-ils disputer le pouvoir de décider de leur destin mais les États sont même enclins à abandonner leur souveraineté au profit des investisseurs. Cela menace sérieusement la démocratie. De plus, une telle évolution a pour conséquences l’accroissement continu des revenus du capital au détriment de ceux du travail, la généralisation de la précarité et, finalement, la mondialisation de la pauvreté.

Sous couvert de sécurité et au motif souvent fallacieux que les régimes publics de retraite seraient bientôt acculés à la faillite, les salariés voient leurs épargnes âprement accumulées canalisées vers des fonds de pension à capitalisation, gérés uniquement en fonction de leur rendement à court terme, qui contribuent à soumettre un peu plus les entreprises aux seuls impératifs du profit immédiat, à y aggraver les conditions de travail, à étendre la zone d’influence de la sphère financière et à persuader les citoyens de l’inefficacité de regroupements solidaires entre nations, peuples et générations. Il est urgent d’enrayer ce processus en créant de nouveaux instruments qui permettront de reprendre le contrôle aux plans national et international. Nous savons pertinemment que les gouvernements ne le feront pas sans qu’on les y pousse. Une mobilisation générale s’impose donc.

La plupart des engrenages de cette machine inégalitaire, entre Nord et Sud comme au cœur même des pays développés, peuvent encore être enrayés. Trop souvent, l’argument de l’ordre économique naturel tire sa force de l’ignorance entretenue sur les alternatives. C’est ainsi que les institutions financières internationales et les grands médias (dont les bénéficiaires de la mondialisation sont souvent propriétaires) ont fait le silence sur la proposition de l’économiste américain James Tobin, prix Nobel d’économie, de taxer les transactions spéculatives sur les marchés des devises. Même fixée à un taux particulièrement bas de 0,05%, la taxe Tobin rapporterait près de 100 milliards de dollars par an. Plusieurs autres mesures de contrôle et de réduction de la spéculation sont également envisagées, notamment l’élimination de l’évasion fiscale. Par exemple, les paradis fiscaux sont autant de zones où règne le secret bancaire, qui ne sert qu’à camoufler des malversations et d’autres activités mafieuses.

Toutes les grandes banques de la planète y ont des succursales et en tirent grand profit. Des milliards de dollars sont ainsi soustraits à toute fiscalité, au bénéfice des puissants et des établissements financiers. Il est impératif de mettre fin au détournement de ces richesses et d’en assurer une redistribution équitable.

Les sommes perçues, collectées pour l’essentiel par les pays industrialisés où sont localisées les grandes places financières, pourraient entre autres être versées, en grande partie ou totalement, à des organisations internationales pour des actions de lutte contre les inégalités, pour la promotion de l’éducation et de la santé publique, pour la sécurité alimentaire et le développement durable. De tels dispositifs alimenteraient des logiques de résistance, redonneraient des marges de manœuvre aux citoyens et aux États leur permettant de reprendre le dessus.

À cette fin, a été créée l’association ATTAC-Québec [Association québécoise pour une Taxation des Transactions financières pour l’Aide aux CitoyenNEs] qui entend produire et diffuser de l’information pour agir en commun, tant au Québec qu’à l’échelle internationale. L’Association vise :

  • à contrer la spéculation internationale ;
  • à promouvoir la mise en place de mécanismes de contrôle et de régulation des marchés financiers ;
  • à convaincre les autorités politiques de la nécessité d’assurer une plus grande équité fiscale, à l’échelle nationale aussi bien qu’internationale ;
  • à taxer les revenus du capital ;
  • à sanctionner les paradis fiscaux en vue de leur élimination ;
  • à viser la fin du secret bancaire entourant les transactions financières internationales ; et
  • d’une manière générale, à reconquérir les espaces perdus par la démocratie au profit de la sphère financière et à s’opposer à tout nouvel abandon de souveraineté des États sous prétexte du "droit" des investisseurs et des marchands.

Il s’agit tout simplement de se réapproprier ensemble l’avenir de notre monde.

ATTAC-Québec




ATTAC-Québec