Sommet des Amériques
La GRC sévèrement critiquée
Un rapport juge que les policiers ont utilisé une force excessive et injustifiée

White, Marianne

Les policiers de la GRC sont sévèrement blâmés pour leur intervention au Sommet des Amériques au printemps 2001. Ils ont utilisé une force "oppressante" contre les manifestants et leurs méthodes contrevenaient au Code criminel et à la Charte canadienne des droits, affirme un rapport de la Commission des plaintes de la GRC.

"Les membres de la GRC ont utilisé une force excessive et injustifiée", indique Shirley Heafy, la commissaire aux plaintes de la Gendarmerie royale dans un rapport préliminaire d'une quinzaine de pages.

Elle souligne que les policiers étaient en droit de disperser les manifestants à l'intersection de la rue Saint-Jean et de la côte Sainte-Geneviève, près du siège de la rencontre des chefs d'État, puisque le périmètre de sécurité avait été percé à plusieurs endroits. Mme Heafy note cependant que l'escouade tactique de la GRC a fait fi de sa propre procédure en ne donnant pas d'avertissements adéquats avant de recourir aux gaz lacrymogènes.

Elle ajoute que les policiers n'avaient aucune bonne raison de tirer des balles en caoutchouc et des gaz sur un groupe précis de quatre personnes, pas plus que de viser directement un manifestant avec un pistolet à décharge électrique.

"Cette conduite était inappropriée et oppressante. Ces personnes n'étaient pas agressives et ne posaient pas de menace", peut-on lire dans le rapport.

Mme Heafy s'est basée sur des bandes audio et vidéo, des témoignages, des photographies, des rapports indépendants ainsi que des opinions médicales et techniques.

Plus de 400 personnes ont été arrêtées à la suite des diverses manifestations organisées du 20 au 22 avril 2001, qui ont attiré des milliers de personnes.

Svend Robinson réclame une enquête

Le député néo-démocrate Svend Robinson, lui-même victime des gaz lacrymogènes et atteint par un projectile, est à l'origine de la plainte déposée auprès de Mme Heafy.

Il a rendu le rapport public hier et a demandé du même coup à Ottawa de tenir une enquête publique sur les agissements de la police lors de l'ensemble des manifestations tenues lors du Sommet des Amériques.

Il encourage les manifestants qui auraient été agressés injustement par des policiers à se plaindre et à engager des poursuites.

Sébastien Bouchard, porte-parole du réseau Alternatives, croit que le rapport commande la tenue d'une enquête plus large sur le comportement des autorités policières et politiques.

"C'est une première confirmation des positions tenues par les manifestants après le Sommet, mais ça doit également être le début d'une analyse sérieuse", a-t-il dit hier.