La Presse
Actualités, mardi 16 septembre 2003, p. A8

ÉCHEC DU SOMMET DE l'OMC
Les agriculteurs québécois restent optimistes

Lachapelle, Judith

DÉÇUS, mais pas abattus. Les représentants de l'Union des producteurs agricoles (UPA) disent même avoir appris "avec un certain soulagement" l'échec des négociations au sommet de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) de Cancun. L'état des pourparlers à la fin de la réunion n'augurait rien de bon pour les agriculteurs québécois, ont-ils fait valoir, et ils sont confiants de pouvoir profiter du sursis pour mieux défendre leur cause auprès des négociateurs.

Le sommet s'est terminé dimanche par un constat d'échec, suscitant soulagement ou réprobation dans les délégations. Les pays en développement et certains pays exportateurs agricoles (dont le Canada) se sont généralement dits déçus de ne pas avoir obtenu l'élimination des subventions agricoles de la part de l'Union européenne et des États-Unis, mais sont également satisfaits de ne pas avoir cédé aux pressions de leurs vis-à-vis. Les négociations devraient néanmoins se poursuivre entre ambassadeurs dans les prochains mois au siège de l'OMC à Genève, indique le communiqué final diffusé par l'organisation.

À la fin du sommet, le nombre de points de discussion était passé de trois à six, complexifiant du même souffle la stratégie des pays en développement (réunis au sein du G21) et celui des pays exportateurs de produits agricoles (groupe de Cairns) de forcer l'Union européenne et les États-Unis à éliminer les subventions à l'agriculture et à ouvrir leurs marchés. "Le temps jouait contre nous", a commenté hier depuis Cancun le président de l'UPA, Laurent Pellerin.

Mais les pourparlers ne sont pas rompus, a-t-il indiqué. Les négociations se poursuivront encore pendant un an. "Le temps a plus de chances de jouer pour nous dans les prochaines semaines et les prochains mois." Difficile par contre de prévoir un assouplissement de la position des pays riches. "Autant par nos contacts que par les documents qu'on a vus, on a pu constater que la volonté des États-Unis et de l'Europe de changer le fond de leur façon d'agir dans le domaine agricole n'est tout simplement pas là, a ajouté M. Pellerin. La volonté est tout simplement de perpétuer, d'une façon ou d'une autre, un support substantiel à l'agriculture de leurs pays."

Des altermondialistes contents

Par ailleurs, les organisations altermondialistes se sont félicitées de l'échec de la réunion de l'OMC, souhaitant qu'il ouvre la voie à "une tout autre régulation du commerce international", ont indiqué à l'Agence France-Presse les représentants de la Confédération paysanne en France. "Nous avons obtenu une sorte de moratoire de fait, a pour sa part estimé le président d'Attac-France, Jacques Nikonoff. Indéniablement, c'est une victoire. Il y a donc, pour l'OMC, la nécessité de tout remettre à plat. Elle a fait la preuve de son incapacité à résoudre les problèmes, à écouter et à prendre en compte les revendications des pays pauvres."

"Les négociations du commerce mondial ne seront plus jamais les mêmes", a également fait savoir par communiqué le porte-parole de l'organisme Oxfam, Phil Twyford. "Cette rencontre est un échec et ce sont les pays riches qu'il faut blâmer. Dans le passé, les pays riches ont conclu des ententes derrière des portes closes sans écouter le reste du monde. Ils ont tenté encore une fois de le faire à Cancun. Mais les pays en développement ont refusé de signer une entente qui aurait défavorisé les plus pauvres du monde."

Illustration(s) :

PC

Le président de l'Union des producteurs agricoles, Laurent Pellerin

Catégorie : Actualités
Sujet(s) uniforme(s) : Exportations et importations
Taille : Moyen, 411 mots

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Doc. : 20030916LA0017