La réingénierie de l’État :
un plan d’ajustement structurel pour le Québec

Position d’Attac-Québec face aux politiques néolibérales du gouvernement Charest

Novembre 2003


Depuis son élection au printemps dernier, le gouvernement libéral de Jean Charest, appuyé par le Conseil du patronat, mène fièrement une politique agressive contre les acquis sociaux de la société québécoise. Sous le terme pseudo-intellectuel de « réingénierie », le gouvernement brade nos acquis sociaux collectifs au profit des intérêts particuliers des citoyens les plus riches.

Face à cette montée de la droite néolibérale, la société civile tente de s’organiser. Une coalition composée de syndicats, de groupes communautaires, d’ONG et de groupes altermondialistes comme Attac-Québec s’est formée. Son objectif : informer la population sur le vrai visage du gouvernement Charest et organiser la résistance. Dans ce communiqué nous reviendrons sur trois actions du gouvernement libéral soit la privatisation des services publics, les atteintes au Code du travail et la réduction des programmes sociaux.


Rappel des faits

Afin de mieux comprendre ce qui fait réagir aussi vivement des milliers de citoyens et de nombreux groupes comme Attac-Québec, revenons sur les faits. Comme il l’avait promis lors de la campagne électorale, le parti libéral maintenant élu s’attaque à l’État québécois et aux institutions publiques chargées de s’occuper de notre bien-être collectif.
Blocage ou coupures budgétaires et partenariat public-privé sont les maîtres mots du nouveau chantre du néolibéralisme à la québécoise. Ces deux actions vont de pair, on arrête de financer les institutions publiques et on offre au secteur privé les services publics sur un plateau d’argent. Finalement, Jean Charest ne fait qu’appliquer les mesures du Fonds monétaire international, influencé par des investisseurs qui revendiquent plus de place pour le marché et plus de profits. En contrepartie, le gouvernement fait miroiter des baisses d’impôts qui, de toute manière, favorisent les plus riches quand ils ne placent pas leur argent dans les paradis fiscaux.
D’où sort cette idée que le privé rend de meilleurs services à la société que le secteur public ? Où sont les études empiriques qui défendent la position néolibérale ? Ne nous parlez pas des résultats en terme de coûts, nous savons que le privé produit parfois pour moins cher…mais nous savons aussi que cette baisse de coûts repose sur une détérioration des conditions de travail et sur une augmentation des coûts pour les consommateurs. C’est d’ailleurs pour s’assurer que les conditions de travail seront plus mauvaises chez les futurs sous-traitants de l’État québécois que le gouvernement veut s’attaquer à l’article 45 du Code du travail. Cet article qui n’interdit en rien la sous-traitance permet simplement le suivi de l’accréditation syndicale de l’employeur principal vers le sous-traitant, c’est-à-dire le maintien des conditions de travail (pour une année seulement d’ailleurs…). C’est dans ce même état d’esprit anti-syndical et anti-social que le gouvernement a augmenté le tarif des garderies tout en refusant le droit aux éducatrices en milieu familial de se syndiquer. Ces mesures qui annoncent plus de profits pour les investisseurs et moins d’impôts pour les plus riches ont comme contrepartie de réduire le soutien aux citoyens qui bénéficient du bien-être social.

Nos revendications : davantage de solidarité

Après la politique, un peu moins agressive mais tout aussi néolibérale, du Parti québécois qui prônait la modernisation de l’État, la « réingénierie » proposée actuellement vise à favoriser les intérêts particuliers aux dépens des intérêts collectifs. Moins d’État c’est aussi moins de solidarité. L’économie laissée à elle-même crée de la pauvreté et des inégalités. Contrairement à ce que soutient le discours néolibéral, ce ne sont pas les individus qui choisissent de s’exclure. L’intervention de l’État en faveur des travailleurs, des chômeurs et des exclus est une assurance collective dont nous nous sommes dotée pour nous protéger contre les dysfonctionnements du système économique. Le rôle de l’État est aussi de permettre aux syndicats, à travers un encadrement juridique adéquat, de protéger et d’améliorer les conditions de travail.

C’est pour toutes ces raisons qu’Attac-Québec s’oppose au gouvernement Charest et au néolibéralisme car nous refusons l’individualisme et souhaitons que la société québécoise demeure solidaire.

Attac-Québec